Maison neuve, centre Montreuil, accueillerait féministes sexagénaires

Publié le par Orgris

AVIS À LA POPULATION ! L'association La maison des Babayagas cherche du monde. Ou plutôt des femmes, de 60 ans ou plus, prêtes à déménager début octobre pour colouer, en plein centre de Montreuil (Seine-Saint-Denis), une maison encore en construction.

Treize des cohabitantes prévues ont en effet jeté l'éponge fin 2011, sur fond de désaccord avec Thérèse Clerc, l'instigatrice - et l'âme engagée - du projet.

Voici donc l'ultime rebondissement d'une aventure commencée il y a dix-sept ans, alors que Thérèse Clerc était sexagénaire. A presque 85 ans, cette forte tête militante s'interroge d'ailleurs, non sans humour, si comme Moïse elle verra ou non la Terre promise. Il faut dire que l'énergie qu'a développée cette sexa, septua et maintenant octogénaire - qui fait vingt ans de moins - laisse baba. Pour réussir à faire financer, par les pouvoirs publics et certaines entreprises, cette maison atypique - dont le coup est estimé à 3,9 millions d'euros -, cette féministe, qui a divorcé en 1968 après avoir eu quatre enfants, aura tout utilisé (bagout, ténacité, charme ravageur), tout sollicité (réseaux militants, médias, politiques)... au point de personnifier à l'extrême le projet et faire apparemment de l'ombre aux autres aventurières.

    " Quatre piliers "

Projet visionnaire et marginal, en avance sur son temps, la maison des Babayagas (sorcières selon la mythologie slave) se retrouve en plein dans la tendance. Thérèse Clerc est sollicitée de toutes parts pour parler de ce projet, elle qui abonde quand on lui dit que les idées viennent des marges de la société. Elle ne se reconnaît pas vraiment dans certaines " babayaguettes " en régions, plutôt bourgeoises, qui veulent se lancer dans l'aventure. Car, à sa suite, six projets de maison sont actuellement en gestation ou en construction.

" Nous avions quatre piliers - autogestion, solidarité, citoyenneté et écologie -, il faut absolument en rajouter un cinquième : le féminisme ", affirme-t-elle. Et d'ajouter un soupçon de provoc en précisant qu'elle est, comme nombre de ses compagnes militantes, devenue homosexuelle (" un acte politique, refuser l'homme, même dans l'intime ") et qu'elle a pratiqué des avortements clandestins.

Thérèse Clerc ne s'étend pas pour détailler les six étages d'appartements avec salle de bains et cuisine privatives, qui permettront à chacune des 20 occupantes de bénéficier de 30 m2 à 45 m2. Elle aime plutôt citer Ernst Bloch, philosophe défenseur de l'utopie, pour qui " l'humain est fait pour créer ".

Elle suit ses propres maximes, telles que : " Rester nomade de l'interrogation, ne jamais devenir sédentaire de ses certitudes. " C'est à se demander si au fond d'elle-même elle est prête à poser armes et valises en colocation !

Laure Belot, dand Le Mone daté du 27 mars

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