Le Co-Habitat et l’Habitat Groupé en Europe.

Publié le par Orgris

La vie en co-habitat n’est pas un phénomène nouveau mais, pour la première fois, un modèle de communauté. En effet, alors que la mondialisation tend à détruire les identités culturelles, alors que l’idée même de « communauté » est ringardisée par l’individualisme de nos sociétés, la flexibilité de co-habitat lui a permis de résister et de s’adapter aux besoins des personnes, et ceci dans des contextes culturels très variés.

     L’exemple du Danemark
C’est au Danemark que le co-habitat a vu le jour. Le premier co-habitat fut établi en 1972 pour 27 familles, près de Copenhague, par un architecte et une psychologue. A l’origine, il y avait un article de Bodil Graae’s, paru en 1967 et dont le titre était : « Chaque enfant devrait avoir 100 parents. »  Depuis lors, le mouvement s’est répandu rapidement, et aujourd’hui 1,5% de la population danoise - soit environ 50000 personnes - vit dans des co-habitats. Avec le temps, l’expérience danoise s’est affinée en intégrant progressivement les leçons des erreurs commises. Actuellement, les logements sont beaucoup plus petits en taille qu’ils ne l’étaient il y a 30 ans, et les parties communes sont beaucoup plus vastes. En effet les cohabitants veulent y passer beaucoup de temps. Par ailleurs, la nouvelle génération des co-habitats est beaucoup plus « verte ». Munksoegaard, près de Copenhague, en est probablement le meilleur exemple. Cent familles y vivent ensemble dans des habitats établis avec le respect de l’environnement comme souci prioritaire. Par exemple, les cinq salles communes sont auto-construites en bottes de paille.
Pourquoi la paille ? Pour son excellente capacité d’isolation thermique et phonique, et pour sa facilité de mise en oeuvre. Ainsi que l’explique Jytte Abildstroem, l’un des fondateurs : « Non seulement vous achetez une maison, mais vous construisez aussi les salles communes avec les autres cohabitants. » C’est un élément essentiel pour la création d’un esprit d’équipe, pendant les premières années de la vie en co-habitat. Fri og Fro (= « libres et heureux ») est un village en co-habitat danois entièrement construit en paille par ses habitants. Niels Nielsen, l’un des co-fondateurs, explique à son tour : « En auto-construisant en paille, il suffit de 5 à 7 ans pour payer la maison. Ceci permet ensuite d’investir notre argent dans d’autres projets collectifs, au lieu de rembourser des banques pendant 30 ans ! »
        La Suède
La Suède a également une longue tradition communautaire. Il existait déjà dans les années 30 des « maisons populaires », où plusieurs familles vivaient ensemble. Mais c’est le mouvement féministe suédois qui a joué dans les années 60 un rôle décisif pour le co-habitat, car c’était une manière de partager les corvées ménagères de manière plus égalitaire entre les hommes et les femmes. Aujourd’hui, l’association Kollek-tivhus Nu (« Co-habitat Maintenant ») promeut l’idée de manière très active dans le pays.
En Suède, la plupart des propriétés en co-habitat appartiennent à l’état, tandis qu’au Danemark ce sont des initiatives privées. Stoplyckan est l’exemple type de l’éco-habitat qui a bénéficié du soutien des politiques sociales. Aujourd’hui, c’est un vrai village, avec plus de 400 personnes, et 184 appartements répartis dans 13 bâtiments. Une autre caractéristique du côté public de Stolplyckan, c’est que les cohabitants partagent certaines des salles communes avec des agences publiques de santé. En journée, jusqu’à 18 h, ces agences occupent les espaces communs en location -le restaurant, les salles de sport et autres équipements-. Le soir, les cohabitants ont l’utilisation gratuite de ces espaces. C’est impressionnant ! Cette combinaison intéressante réduit le coût de l’entretien de ces grands espaces communs. Et puis, les personnes âgées ou handicapées, qui viennent pour les agences de santé, peuvent également fréquenter les espaces communs. Elles sortent ainsi de leur éventuel isolement. En Suède, la plupart des co-habitats sont construits verticalement, contrairement au Danemark ou aux Etats-Unis, où ils sont plus souvent à l’horizontale. D’un point de vue esthétique, un immeuble, c’est moins joli, moins village. Mais c’est à la verticale qu’on peut construire au centre des grandes villes, où par ailleurs les habitants peuvent facilement se passer d’une voiture.
       Aux Pays-Bas
Aujourd’hui, il y a plus de 100 projets de Centraal Wonen (co-habitat) aux Pays Bas. Dans l’ensemble, les centraal wonen sont souvent gérés par des services publics, comme en Suède ...
La particularité des cohabitats aux Pays Bas est de souvent diviser les grandes communautés en groupes de 5 à 10 unités. La moitié des cohousing dans les Pays Bas sont ainsi divisés en « faisceaux ». Chacun d’eux a ses propres équipements communs et la responsabilité de choisir ses nouveaux membres, mais il y a un bâtiment général partagé par tous les faisceaux. Cela permet de garder des rapports de voisinage lors que le cohabitat devient trop grand. Le meilleur exemple est probablement Wandelmeent, construit en 1977 près de Amsterdam, et qui compte environ 200 habitants, et qui a l’apparence d’un petit village comme les cohabitats au Dannemark.
       Plus au sud...
Si le Danemark, la Suède et les Pays-Bas sont les pionniers du cohabitat, le phénomène se répand depuis quelques années au reste de l’Europe : France, Espagne, Belgique, Angleterre et Italie. En Italie le cohabitat a bénéficié d’une couverture médiatique croissante depuis 2005.

On y remarque que deux types d’organisations ont émergé, ainsi qu’elles commencent à se dessiner en France :

1) le premier type se base sur le modèle américain, ou un cabinet d’experts fournit aux familles une prestation globale « clé en main » : des architectes, des avocats, des experts en communication de groupe, etc. L’avantage de ce modèle est que les cohabitants peuvent emménager assez rapidement (après plus ou moins deux ans). Toutefois, le côté problématique est le prix du foncier, car la spéculation immobilière atteint des sommets vertigineux.

2) Un deuxième type d’organisation de cohabitat est donc apparu spontanément porté par des associations sans but lucratif. CoHabitando, CoAbitare et Ecoabitare par exemple ont été créées comme alternatives aux cabinet d’experts, et permettent aux familles de trouver des solutions bien plus accessibles. Par contre, l’investissement en temps de travail personnel requis est nettement plus important, et le processus de création peut durer jusqu’à quatre ou cinq ans. Mais le jeu en vaut la chandelle, comme l’ont montré les pionniers scandinaves il y a 30 ans. Le cas italien illustre donc aussi la diversité des formes avec lesquelles le cohabitat peut se développer dans un pays, s’adaptant aux désirs des personnes, à leurs besoins et moyens financiers.Description : http://www.soleil-levant.org/presse/puce.gif

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www.notsocrazy.net
  
www.passerelleco.info

info venant de Matthieu Lietaert

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