Ce soir je regarde à télé "Aurore" avec Agnès Jaoui sur France 3

Publié le par Or gris : seniors acteurs des territoires, dans une société pour tous les âges

Aurore est séparée, elle vient de perdre son emploi et apprend qu'elle va être grand-mère. La société la pousse doucement vers la sortie, mais quand Aurore retrouve par hasard son amour de jeunesse, elle entre en résistance, refusant la casse à laquelle elle semble être destinée. Et si c'était maintenant qu'une nouvelle vie pouvait commencer ?...

Ce soir 25 février à 21 h 05 sur France 3

Alors qu'elle n'a plus d'homme dans sa vie et bientôt plus de boulot, Aurore apprend à vivre avec ses 50 ans, ses rides et ses rondeurs toutes neuves et… des bouffées de chaleur ! Et cela a le don de faire rire sa fille adolescente, qui découvre les joies de l'amour et de la menstruation. Ainsi va la nouvelle comédie aux accents féministes de Blandine Lenoir, dont le premier long ­métrage, Zouzou (2014), se penchait déjà sur les non-dits de la famille et de la sexualité. Cette fois, autour d'une femme incarnée entre douceur et dérision par Agnès Jaoui, elle nous emmène dans une France attachante mais engluée dans la précarité en plus d'être minée par un sexisme ambiant.

A peine sortie d'une période intense où elle a renoué avec le théâtre en tant qu'actrice (Les Femmes savantes) et metteuse en scène (Un air de famille, Cuisine et Dépendances), bientôt prête à tourner Place publique (autour d'une soirée entre amis, avec son coscénariste Jean-Pierre Bacri), Agnès Jaoui n'est pas peu fière de défendre Aurore, une ­antihéroïne tour à tour tendre, risible et battante : "Ce qui me touche, c'est qu'elle ne va jamais vers ­l'autoapitoiement. Elle reste simple et portée par un élan vital désarmant. J'aimerais bien être comme ça !" D'emblée charmée par le ton doux-amer du scénario, elle explique s'être également sentie en confiance avec Blandine Lenoir aux commandes. "Elle refuse toute victimisation. L'amertume et l'esprit de revanche lui sont étrangers. Ce féminisme-là me plaît."

"Je ne comprenais pas pourquoi on me matait"

Avec une galerie de personnages secondaires défendus par des acteurs épatants issus du théâtre, la réalisatrice mise plutôt sur l'humour de situations crédibles bien que gentiment rocambolesques. Il n'empêche, le film dénonce au final la discrimination dont sont victimes les femmes. "Elle est souvent invisible et acceptée comme telle alors qu'elle n'est pas moins dangereuse que d'autres, relève Agnès Jaoui. Moi, c'est entre 10 et 13 ans que j'ai le plus ressenti la violence des hommes. Je ne comprenais pas pourquoi on me matait, me pelotait. A 50 ans, cette violence devient différente, mais elle n'est pas moins ravageuse car elle peut être plus sourde, l'indifférence s'en mêle…"

"On n'a pas idée, poursuit-elle, des injonctions que l'on accepte, parfois même sans s'en rendre compte quand on ne voit plus que des femmes flics hypercanons dans les séries télé !" Aurore parvient à contrer la violence de cet ordre symbolique, et même à faire surgir une note d'espoir. Au fil de détours qui font le sel de ce film un peu trop sagement réalisé, elle découvre notamment les discours de l'ethnologue Françoise Héritier et l'existence de la Maison des babayagas, une résidence de femmes qui organisent leur retraite de façon participative. "Cela me paraît très juste de montrer quec'est dans la panade que l'on découvre de nouvelles formes de solidarité." Et très agréable, aussi, de pouvoir l'exprimer "en tant qu'actrice, sans responsabilité à l'écriture. Quand je chante ou joue, je fais le métier que je chéris le plus et je me sens près de mon pays d'enfance, le théâtre."

Aurore , un film de Blandine Lenoir, avec Agnès Jaoui, Pascale Arbillot, Sarah Suc, Lou Roy-Lecollinet. (2017)

Par Alexis Campion dans Le Journal Du Dimanche du 15 avril 2017 https://www.lejdd.fr/Culture/Cinema/aurore-lode-dagnes-jaoui-aux-femmes-de-50-ans-3310253

 

Ce soir je regarde à télé "Aurore" avec Agnès Jaoui sur France 3

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